jeudi 20 octobre 2011

L’atelier d’écriture, un espace contre


Mercredi dernier, dans le cadre de Passage, 10 jeunes âgés de 9 à 13 ans venus des Centres de Loisirs de Trélazé et de Cholet se sont chuchotés des mots à l’oreille.

Pas n’importe quels mots, ceux de Xavier-Laurent Petit, Didier Daeninckx et Thomas Lavachery. J’avais soigneusement choisi les passages pour que, même sortis de leur contexte, ils nous parlent des personnages, Sisanda, Amchiche et Bjorn, des héros avec leurs peurs et leurs faiblesses.
Les jeunes ne s’étaient pas chuchotés trois phrases que déjà le ton montait : « Eh, il m’insulte ! Moi j’arrête ! Il a pas le droit ! » Dans la main d’un garçon une phrase de Daeninckx tombait comme une agression dans l’oreille d’une jeune fille Arabe. Bon ça commence bien. Je redonne la consigne et le groupe repart, sauf la jeune fille qui ne veut pas s’asseoir, garde son sac en bandoulière, son manteau sur l’épaule, prête à repartir. Finalement, nous nous asseyons tous. Je décide de partir de l’incident et de faire parler les jeunes, particulièrement celle qui s’est sentie agressée. Nous relisons les phrases « Tu as parfaitement raison, Eugène… Il n’est pas près de venir, le jour où les Arabes feront la loi chez nous ! » 
Et à force de questions et d’hypothèses nous remontons le fil de l’intrigue. Les yeux s’arrondissent, non ce n’étaient pas des propos racistes à ton encontre ma belle, Didier dénonce, Didier refuse, Didier propose autre chose. Du coup, les crayons se plient joyeusement aux consignes d’écriture : à vous maintenant, à vous de créer votre héros. Comme ceux dont nous avons fait la connaissance, le vôtre aura lui aussi quelque chose en plus ou en moins qui fait de lui un héros non conventionnel, bref, quelqu’un qui n’est pas comme tout le monde. Les jeunes inventent alors une belle galerie de portraits : un vampire sans bouche qui a bien du mal à se nourrir, un jeune sans poil dans un pays où le poil est roi, une héroïne sans pied qui a du mal à marcher, etc. Devant eux, un arbre à mots que nous avons construit ensemble où ils viennent puiser des mots qui parlent de leurs peurs. A la fin de l’atelier, 4 à 5 jeunes s’approchent « Vous pouvez noter les titres, on aimerait lire les livres ». Oui, trois fois oui.
Isabelle Moran
Didier DAENINCKX Le chat de Tigali
Thomas LAVACHERY Bjorn le Morphir 
Xavier-Laurent PETIT Mon petit coeur imbécile
Merci à la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS) qui a permis le financement de cet atelier.