mardi 29 janvier 2013

Raconte, découpe et colle


Vendredi 8 et Samedi 9 mars, de 14h30 à 17h30
Atelier d’écriture et création d’un livre animé

Pour tous, de 9 à 99 ans
(enfants, adultes, voisins, cousins, papas, mamans, papis, mamies…) 

49610 Juigné-sur-Loire
Salle des Anciennes écoles, Grand Rue

Atelier animé par Isabelle MORAN (Lever l’encre)
et Agnès GUIDON (plasticienne et créatrice de ‘pop up’)

Participation : 15 euros, matériel et goûter compris
Renseignements et inscriptions : 06.31.97.16.13

mercredi 23 janvier 2013

Les nuances, couleurs du temps de nos âmes

Le quatrième volet des ateliers musique et littérature du jeudi soir aura pour thème les nuances.
Du pianissimo au forte, quelles nuances nous propose le texte musical? Comment les appliquer au texte littéraire pour traduire les nuances de nos existences et le sel de la vie?

Il reste des places, venez nous rejoindre, vous serez le/la bienvenu(e).

Cycle Ecriture et musique - 2 jeudis par mois - de 19h45 à 22h - salle du Petit Louet - 49610 Juigné-sur-Loire - 10 euros l'atelier + 5 euros cotisation annuelle à Lever l'encre. Prochaines dates: 24 janvier, 7 février, 21 février 2013

Pierre Legrand


Pierre Legrand est en nage. Il court depuis une demi-heure. Se perd dans les ruelles toutes identiques de Millau. Peu à peu la colère le gagne comme la sueur sur son dos musclé. Qu’est-il donc venu faire dans cette galère ?
Il s’était pourtant bien promis que jamais, plus jamais on ne l’y reprendrait ; accepter un dîner en ville qui plus est ! avec cette Justine, citadine jusqu’au bout des ongles qu’elle porte rouge vif.

Pierre tente de se ressaisir, il ralentit, la nuit tombe avec douceur, l’air reste léger et il commence même à apprécier sa déambulation loin de sa campagne familière.
Même si le lieu de rendez-vous reste difficile à trouver, que l’agacement le gagne Pierre a l’habitude d’apprécier l’instant présent, quelque soit le contexte. Cet exercice il s’y astreint depuis de nombreux mois maintenant et fait à chaque fois une belle découverte. Mais ce soir tout est plus difficile : les arbres au feuillage rafraîchissant paraissent un peu ternes, les fleurs des parterres si artificielles, même l’eau des fontaines semble faire un effort pour s’écouler clairement.

Une grande fatigue envahit soudain Pierre ; sa vue croise un banc posé là dans un petit square, exprès pour lui semble-t-il.

La nuit a donc été si courte ?
Pierre s’éveille. Allongé sous le chêne familier, au milieu du pré, le corps reposé, une faim de loup l’assaille.
« Ca y’est c’est prêt, le dîner est servi » crie Justine au loin.
La voici la belle découverte du jour ! ! 
Christine
Atelier du 20 janvier
Tableau Henri Rousseau, Le rêve, 1910

Vivre


La saison de l’Amour arrive à sa fin et la Nature est morte.
L’automne est loin maintenant, le silence s’étend à perte de vue et la neige a pris des airs de conquête.
Arrivé à la taille adulte, je me promène serein dans cette forêt familière ; celle que j’ai choisie me rejoindra bientôt et les jours à venir seront emplis d’espérance.
Elle porte désormais une robe chocolat tachetée d’écru, sa délicatesse et son port majestueux m’obsèdent chaque jour davantage. L’espérer, l’entendre au loin et bientôt l’approcher.

Pourtant un tumulte naît dans le lointain. Commencer à courir, s’arrêter, écouter, craindre le pire.
La tempête approche, des chiens, des chevaux. Des hommes courent, le feuillage craque, le blanc se fissure, le ton monte, la course démarre.
Fuir encore et encore. Se cacher, espérer le saut du haut talus. De guet-apens il n’y aura pas.
Christine
Atelier du 10 janvier

lundi 21 janvier 2013

Faire chanter le corps


Elle avait encore aujourd'hui l'élégance de la femme que je rêvais d'embrasser. Elle était toute échevelée de nos mouvements de fous qui dévalent la pente, s'époustouflant et courant à en perdre haleine.

Nous nous étions élancés depuis la ferme d'en haut, sur le chemin qui traverse la truffière, amoureux, fous heureux, des grimaces plein nos proches pour rire, se surprendre, se cacher derrière un arbres ou un buisson. Et au bas du chemin, se retrouver fatigués, époustouflés, estomaqués de nos échanges d'adolescents émancipés.

Je sais que mon cœur ne s'est pas emballé que de sa course, mais aussi à la vue de ses épaules de dentelle et de l'échancrure de son corsage ; j'ai dû manquer d'oxygène et je suis resté haletant comme à la fin d'une performance, ou plutôt comme au début d'une jouissance.
Stoppés en bas de l'allée des chênes truffiers, au bord du ruisseau,  je suis resté longtemps, ébouriffé. Mon corps, longtemps agité d'être si près de sa silhouette gracieuse, reste encore fébrile au souvenir de cet instant.

Cette après-midi là restera à jamais gravée, comme une petite note, épinglée à mon cœur et je retrouverai cet enthousiasme chaque fois que je pourrai l'enlacer.
Patricia
Atelier du 10 janvier 2013
d'après la sonate en Si mineur de Liszt

Cycle Ecriture et musique - 2 jeudis par mois - de 19h45 à 22h - salle du Petit Louet - 49610 Juigné-sur-Loire - 10 euros l'atelier + 5 euros cotisation annuelle à Lever l'encre. Prochaines dates: 24 janvier, 7 février, 21 février 2013

Les deux pianos - d'après la sonate en Si mineur de Liszt


La pièce est appelée de vie ou séjour. A cette appellation, les deux pianos ne trouvent rien à redire, eux qui séjournent ici, depuis plusieurs années pour l’un, plusieurs mois pour l’autre. Spectateurs permanents, ils voient tout ce qui se déroule ici, entendent tout ce qui s’y passe et en gardent secrètement la trace. Ils disent la joie sous la caresse des doigts lumineux et doux,  l’effroi et la douleur sous la violence des doigts torturés. Tout à l’heure, une sonate vient de les emporter dans une tornade, leur donnant l’illusion ou l’espoir de se reposer quelques instants, de goûter une joie profonde pour  les emporter à nouveau et les mener au bord du gouffre.

Ils sont deux, à quelques mètres l’un de l’autre. Le plus ancien dont le bois, au fil des ans,  s’est patiné de pourpre, résonne encore des chants de la forêt ; les volutes qui soutiennent son clavier ont la magie d’une invitation à la danse pour chacune des quatre saisons. Le plus jeune ne manque pas de fierté et son apparente raideur est adoucie par son vernis laissant sur lui jouer la lumière tandis que les veines rouges de son bois se découvrent tels un reflet dans l’eau.

Maintenant, les doigts venus les sortir de leur torpeur s’en sont allés et tous  les deux restent  silencieux, comme abasourdis. Pourtant, une oreille extrêmement attentive aurait pu entendre gémir celui que les ans avaient rendu bancal, le voir trembler tour à tour d’épouvante puis d’espoir, et aussi murmurer. « Comme je voudrais retrouver le parfum de mon allée, sentir à nouveau l’étreinte du hibou, entendre le vent hurler et s’exercer à jouer les dodécaphonistes. Non, je ne veux pas retourner en arrière ni faire resurgir le passé mais je veux juste en retrouver l’empreinte, l’élan. Pourquoi ce froid soudain, ce gris opaque tout autour de moi ? Pourquoi ce tumulte en moi, cet effroi, ce désaccord ? Quelle est cette main de fer qui cherche à me briser, quels sont ces démons qui ont  réussi à m’entraîner dans un combat que je n’ai pas choisi et où je deviens à moi-même ennemi ? J’ai toujours détesté les guerres, j’ai toujours refusé de me mettre derrière un drapeau,  de suivre une effigie. De rien ni de personne n’ai voulu et ne veux être l’épigone. Que m’arrive-t-il ? La voix s’est tue dans la patience de l’attente, celle d’un apaisement.

Un regard attentif aurait vu délicatement s’embraser les veines du deuxième piano. Lui, il avait tout saisi du drame qui se jouait à côté de lui tant était grande son empathie. Il aurait aimé s’arrondir afin d’offrir son aide comme on propose l’appui de son épaule. Mais il savait qu’il devait lui aussi faire preuve de patience. Il savait que l’apaisement viendrait. Il restait là, discret, paisible.

Ce qui se passe entre les êtres humains garde toujours sa part de mystère. Il en est de même pour les pianos. On n’ignore pas cependant que l’amour les habite et parfois  les fait exulter. Est-ce pour cela que dans la pièce, le lendemain, eut lieu une épiphanie. Mais, faut-il croire ceux qui la racontent?

Marie-Françoise
Atelier du 10 janvier 2013
Cycle Ecriture et musique - 2 jeudis par mois - de 19h45 à 22h - salle du Petit Louet - 49610 Juigné-sur-Loire - 10 euros l'atelier + 5 euros cotisation annuelle à Lever l'encre. Prochaines dates: 24 janvier, 7 février, 21 février 2013

jeudi 17 janvier 2013

Je me souhaite / Je vous souhaite


Je vous souhaite d'accéder à votre être propre
La patience avec les enfants
Pour les autres, plus de paix et de tolérance
Un bon ancrage au sol
De la futilité, de la superficialité
Du temps pour regarder les enfants
De la vie dans votre vie
Pour les autres, plus de fraternité
La tolérance
La quiétude
Du temps pour méditer
De l'amour pour chacun
De la joie avec les autres
Pour moi-même, ouverture vers les autres
Je vous souhaite de naître à vous-même, même si c'est douloureux
De la joie dans la maison
La convivialité
La paix
La santé
Je vous souhaite de connaître l'insatisfaction créatrice
Le partage
Je vous souhaite la gentillesse envers autrui
Le bonheur de vivre entouré des siens
De nouvelles découvertes littéraires
De la patience pour tous les jours
L'énergie d'aller courir 2 fois par semaines
Pour moi-même, me sentir utile
De l'amour autour de vous
Réussite professionnelle
De la passion ... pour quelqu'un, pour quelque chose
Je me souhaite la générosité
Des vacances ensoleillées et sereines
Je me souhaite la confiance
Le temps de contempler
Je me souhaite de lire beaucoup de livres captivants et merveilleux
De l'inventivité
Avoir la tête ailleurs
De beaux projets créatifs
Je vous souhaite de laisser une trace de vous en ce monde éphémère
Je vous souhaite de regarder le monde autour de vous avec confiance, malgré...
Je me souhaite de partager avec d'autres ce qui m'habite

Arlette, Maryvonne, Marie, Myriam et Marie
27 janvier 2013
Médiathèque de Juigné-sur-Loire
Atelier sur les bonnes résolutions 2013
Prochain atelier à la médiathèque de Juigné-sur-loire : jeudi 14 février 2013 - de 14 à 16h - participation : 5 euros - Thème : l'Amour!

Week-end d'écriture à Bruxelles

En avant-première, Lever l'encre vous annonce que la deuxième édition de
Bruxelles, ma belle s’intitulera :
Bruxelles re-belle
et aura lieu du vendredi 15 mars au lundi 18 mars avec nos amis Oulipiens: Robert Rapilly, Olivier Salon, Martin Granger, Jacques Jouet, Coraline Soulier. 
 Des précisions vous parviendront bien entendu dans les prochaines semaines.
Si vous piaffez d’impatience, vous pouvez dès à présent manifester votre intérêt et vous inscrire auprès de 
+32 2 640 21 52

mercredi 16 janvier 2013

La villanelle d'Anne


Solo:  Le Gui et Le Hou

A la tombée du jour, elle vient parmi nous
- les feuilles craquent sous ses pieds -
en cherchant le gui et le hou.

Son visage pâle, son sourire doux
luisent dans notre forêt sombre.
A la tombée du jour, elle vient parmi nous.

Elle parle en mots inconnus
de ses confidences aux gardiens muets,
en cherchant le gui et le hou.

Contre mon écorce, elle pose sa joue.
Sent-elle le murmure de ma sève?
A la tombée du jour, elle vient parmi nous.

Dès fois elle chante un air et nous
vibrons - des harpes éoliennnes -
(en cherchant le gui et le hou)

Son panier plein, elle rentre sous
la lune à sa vie insondable.
A la tombée du jour, elle vient parmi nous
en cherchant le gui et le hou.

Anne Woodford
Janvier 2013

Anne nous livre que 'Villanelle' vient de Vilano qui signifie 'paysan'. La villanelle est une forme de poésie pastorale dont Jean Passerat (1534-1602) est l'un des chantres:


Villanelle
I'ay perdu ma Tourterelle:
Eft-ce point celle que i'oy?
Ie veus aller aprés elle.

Tu regretes ta femelle,
Helas! außi fai-ie moy,
I'ay perdu ma Tourterelle.

Si ton Amour eft fidelle,
Außi est ferme ma foy,
Ie veus aller aprés elle.

Ta plainte fe renouuelle;
Toufiours plaindre ie me doy:
I'ay perdu ma Tourterelle.

En ne voyant plus la belle
Plus rien de beau ie ne voy:
Ie veus aller aprés elle.

Mort, que tant de fois i'appelle,
Pren ce qui fe donne à toy:
I'ay perdu ma Tourterelle,
Ie veus aller aprés elle.

Composition baroque à 4 mains

Nikolaus Harnoncourt écrivait dans son article 'Ce que dit un autographe' (p.244 in Le discours musical, Gallimard, 1984) qu'Haendel scindait son travail en deux phases bien distinctes : l'oeuvre "terminée" et l'oeuvre "achevée". La première constituait à imaginer et écrire les voix extrêmes, donc la basse en guise de fondement et une ou deux voix de dessus. Elle était pour lui l'essentiel du morceau. La seconde, les parties intermédiaires vocales et instrumentales, n'était que remplissage, exécution. La seconde phase de la création pouvait être assurée par le maître lui-même, mais bien souvent à l'époque Baroque  un 'exécutant' s'en chargeait.

Appliquons cet exercice de composition musicale au texte littéraire:
1er temps:
- la voix principale devient un personnage avec quelques traits saillants
- la basse - base de notre récit - le temps et le lieu
- entre les deux quelques indications sommaires : un personnage secondaire, un événement, une parole pouvant donner lieu à un dialogue ou un monologue intérieur. 
Le tout sur du papier à musique. Notre texte est ainsi terminé, mais non achevé.
2ème temps:
Ces informations passent dans les mains d'un 'exécutant' qui va remplir les blancs, assurer le déroulement du récit, mettre du liant et respecter les accords imaginés par le premier auteur, raccourcir ici, rallonger là. Le texte est maintenant achevé.

Anne (la première auteure) et Marie-Françoise (la seconde), se sont pliées au jeu de la composition baroque à 4 mains*. Vous pouvez lire leur texte Une lumière dans la vie d'Alexandra tout de suite après. Bonne lecture et n'hésitez pas à nous envoyer vos commentaires.

Isabelle Moran
*cycle Ecriture et musique - 2 jeudis par mois - de 19h45 à 22h - salle du Petit Louet - 49610 Juigné-sur-Loire - 10 euros l'atelier + 5 euros cotisation annuelle à Lever l'encre.

mardi 15 janvier 2013

Une lumière dans la vie d'Alexandra


Alexandra d’Escalle se leva ce matin-là avec, au cœur, une musique plus légère. Ses rêves de la nuit l’habitaient encore toute entière et le paysage désolé qui entourait sa ferme s’était transformé en une délicate saulaie ; sous la caresse du vent les feuilles des saules jouaient la plus aérienne des sonates pour piano de Mozart. Elle-même s’était fondue dans le décor, transformée en pendule marquant le tempo tel un métronome.

Et puis, petit à petit, tout lui revenait, ses trente cinq ans qu’elle avait arrosés la veille, trop peut-être, après être allée galoper avec son cheval. Non pas le sien à elle, mais le sien à lui. Lui l’enfant pas encore sorti de l’enfance et parti faire cette guerre ignoble, interminable, dévoreuse d’hommes dont, pas plus que tant d’autres, il n’était revenu. Ce cheval qu’Anthime son père lui avait donné. Son père, cet homme si secret et si taciturne qui, désespéré, alcoolisé avait quitté la ferme à la mort de son fils chéri, était parti sans se retourner, disparaissant à jamais dans la nuit.

Elle entendit du bruit dans la pièce au dessus d’elle. Il était donc lui aussi déjà réveillé avant le jour ; il n’allait sans doute pas tarder à descendre. Il prétendait s’appeler Alphonse, elle voulait bien, elle s’en moquait d’ailleurs, Alphonse ou ce qu’il voulait. Elle, ce qu’elle voulait, c’était qu’il s’en aille au plus vite et que surtout il ne lui demande plus rien, ne lui dise plus rien de ses élucubrations sur la vie d’Anthime et la laissa à son chagrin. Cet Alphonse se prétendait le fils d’Anthime, qu’il n’avait jamais vu, dont il ignorait tout et dont il venait tout juste de retrouver la trace. Il  prétendait aussi qu’il ne partirait pas tant qu’elle ne lui aurait rien dit. Et elle, elle en avait la nausée  des silences, des secrets, des mensonges. Elle était morte, intérieurement morte, depuis qu’elle s’était su incapable de répondre à cette question  qui l’obsédait : puis-je encore aimer ?

Alors elle ferma les yeux et se retrouva dans la saulaie ; elle perçut très distinctement la respiration du cheval et l’entendit lui murmurer  à l’oreille avec une infinie délicatesse ce qu’elle seule entendit. Elle ne put lui répondre car, déjà, il avait disparu. Seul le vent entendit sa réponse et la porta à l’animal. Depuis certains voient briller une étoile dans les yeux du grand alezan.

Anne et Marie-Françoise
Janvier 2013