vendredi 10 octobre 2014

"L'enfance, un trésor en petites coupures"


C'est la réflexion que nous livre Régine Detambel dans un pertinent (et impertinent) ouvrage : Petit éloge de la peau (Folio, 2007) 

"L'enfance est un trésor en petites coupures. On y mène des expériences extatiques à partir de la combinaison des chutes, des chocs et des coups. (...) A même la blessure, juste à la surface de la douleur, la main rassurante et consolante de quelqu'un de doux qui chuchote : je suis là, je tiens ce bobo dans ma main."

Il suffit dès lors de lire notre épiderme pour découvrir notre histoire à rebours. Là une cicatrice - la trace d'une flèche quand j'étais Robin des Bois - ici un morceau de peau plus clair, l'écho d'une chute en vélo un jour de parade devant les copains... La peau est notre carte d'identité, notre frontière dedans/dehors. Et nos maux sont autant de mots qui ne se disent pas.

Main dans la main avec Gilles, mon amoureux, nous courrons à perdre haleine sur le trottoir, nos jambes s’emmêlent et c'est la chute. Je me relève, le genou droit en sang, je regarde la blessure, j'ai l'impression de voir l'os, j'ai peur, je vais mourir cicatrice éternelle.
Anne
Ecouflant, le 25 novembre 2014

Une éternité sur un pot de chambre. 
Pour faire plaisir à ma mère? 
Non, 
pour ne pas dire. 
J'étais constipé, je n'avais pas envie. 
Pas envie de quoi? 
Ma grand-mère m'emmerdait. 
Entre elle et ma mère, c'était la guerre

- il doit faire

- ça viendra

Cela ne pouvait pas venir, c'était trop... 
ils étaient tous là, autour du pot 
et moi 
sur le trône.


Pas tous, non.
Mon petit frère n'était pas là.
C'était un bébé - dans son petit lit - avec des couches.

René R.
Juigné sur Loire, le 6 octobre 2014