mercredi 7 janvier 2015

Quittez vos rectangles, vos fenêtres géométriques


Fernand Léger La parade du cirque (1952)

"Allez au cirque. Vous quittez vos rectangles, vos fenêtres géométriques et vous allez au pays des cercles en action. (...) Le rond est libre, il n'a ni commencement ni fin." 
Fernand Léger


Khalid mène l'atelier des boules. Rouge, blanche, bleue, petite, moyenne ou grande, chacun trouve la sienne. Pour la plupart très à l'aise, les élèves trouvent rapidement leur équilibre sur la surface rebondie et instable. Tour à tour, ils choisissent un geste que les autres doivent imiter sans descendre de leur boule. Puis Khalid annonce 

"Vous n'avez plus de pieds, vous avez une boule pour marcher."

Je note! Quelle belle consigne d'écriture pour un prochain atelier... Et vous, si vous n'aviez plus de pieds, mais une boule à la place, où vous mènerait-elle?...
Isabelle

Les figures de l'air appellent les images de l'eau

Quand j’entends parler Anouck, me vient l’envie d’écrire une histoire avec le nom des figures qu’elle égrène au fil de ses démonstrations. Saurez-vous les retrouver?...

Ilhan dans la position de la chauve-souris

Toutes les nuits, la chauve-souris et la sirène se rencontrent pour échanger les nouvelles du jour. Avant de retrouver son amie, la chauve-souris décrit dans le ciel de larges arabesques, que le porteur de panier ne se lasse pas de regarder. Ce soir le porteur est fatigué, il ne remarque pas la croix qui indique le chemin du phare. Fasciné par la rapidité et l’agilité de la chauve-souris, il continue sa marche et s'enfonce dans la lande. Soudain il ressent une douleur dans le jarret droit, il réalise alors qu’il a marché plus que de coutume  Il fait nuit noire maintenant, pas une étoile, pas un croisant de lune. Le porteur est perdu. Il s’arrête et s’assoit dans les ajoncs. Aïe, ça pique ! Qu’à cela ne tienne se dit-il, et il retourne le panier pour s’en faire un siège. Ainsi renversé et malmené, le panier fait entendre sa plainte qui finit par alerter la chauve-souris.

-     "Chauve-souris, je t’en prie, trouve un moyen pour faire se relever le porteur, il m’a renversé et je ne peux presque plus respirer, coincé que je suis entre les épines et ses fessiers. Fais vite, bientôt je ne pourrai plus résister !"

A ces mots, la chauve-souris s’élance vers le large.
-      "Sirène, sirène, le panier est en danger ! Le porteur l’a renversé, dessus il s’est installé. Entre les épines et les fessiers, c’est sûr le panier va craquer !"

Immédiatement la sémillante sirène se met à battre de la queue et appelle ses amies les crevettes.
-        "Allez réveiller le marin, qu’il ravive le feu de son phare et que le porteur retrouve son chemin, vite, allez !"

Crevettes roses, grises, petites et grosses, jeunes et vieilles, toutes s’élancent à l’assaut des vagues. En deux temps, trois mouvements elles sont au pied du phare. Toute la troupe accompagnée d'un banc de plancton se pare alors de mille couleurs phosphorescentes. Quel extraordinaire feu d’artifice aquatique ! Attiré par la lumière dorée de l’eau dans la nuit noire, le marin quitte son phare non sans avoir pris soin de raviver son feu. Guidé par la vive lumière, le porteur retrouve facilement son chemin. 
Le marin dépité lui explique qu’ils ne mangeront pas de crevettes ce soir. A peine avait-il descendu les 350 marches du phare que le magnifique ballet nocturne avait cessé! 
Au moins le panier est-il sauf et les animaux heureux. 
De cette mésaventure, ne restent qu’un petit trou dans la culotte du porteur et un petit bout de tissu errant sur la lande.
Isabelle Moran

Réponse : Voici le noms des figures aériennes enseignées par Anouck qu’il fallait retrouver dans le texte : la chauve-souris, la sirène, le porteur, l’arabesque, le panier, la crevette, le renversé, la culotte, le marin, le jarret, la croix.

Et toi, sauras-tu inventer une toute autre histoire avec les mêmes mots ? Si oui, n’oublie pas de me l’envoyer pour que je la publie!

L'humour, un antidote contre la peur

Lors de ma deuxième visite à La Carrière, je découvre le rolla-bolla. Quelle drôle d'idée de vouloir tenir debout sur un instrument rond aussi instable! Je ne m'y risquerais pas... et pourtant cela me fait envie. 
Je ne suis pas la seule, les enfants des classes de Brigitte et Marie, la mine concentrée et les bras écartés essaient de trouver leur équilibre.
Devant Fabrisse, un petit cercle est assis en tailleur. Un a un il les appelle, leur enjoint d'agripper ses poignets et de sauter haut et droit. Dans un mouvement vif et sûr, il hisse l'élève sur ses épaules, avant de lui demander de se mettre debout.
Charles et Fabrisse
- ça ne te fait pas mal, lance une petite fille?
Pour tout réponse, Fabrisse encourage celui qui est encore à califourchon sur ses épaules
- Allez Alexandre, mets-toi debout!
- J'ai peur!!
- Tu as peur, tu as raison il faut le dire, ne pas paniquer.
Je vois les mains d'Alexandre crispées sur celles de Fabrisse et ses jambes tremblantes pousser sur les épaules de celui qui le porte. Voilà Alexandre est debout.
- Maintenant regarde devant!
- Il est 11h10 devant!
Nous éclatons tous de rire. Alexandre perché sur les épaules de Fabrisse se retrouve en effet à la hauteur de l'horloge fixée au-dessus de la porte d'entrée. Sur son visage un sourire a remplacé la grimace. Je me dis que pour vaincre la peur, on n'a encore rien trouvé de mieux que l'humour!
Isabelle