lundi 26 janvier 2015

Pas besoin d'être grand pour être fort

Cet après-midi Fabrisse recevait la classe CLIS de Brigitte dans son atelier de rolla bolla.
"Le fil, ça suce, le rolla bolla, ça suce les énergies, et là je sens que vous avez besoin d'une pause. Quand on n'est plus concentré, on peut se faire mal. Au cirque, il y a des risques... Vous voyez la cicatrice que j'ai là? (Fabrisse nous montre une petite marque entre les deux yeux, on pourrait croire qu'il s'agit d'un troisième oeil!) Je vais vous raconter une histoire. Je faisais une pyramide sur un éléphant. Et puis, l'éléphant a vu une souris, il a eu peur, il m'a envoyé en l'air et j'ai atterri dans les gradins, parmi les spectateurs. 
Une souris? L'éléphant a eu peur d'une souris? demande un jeune de la classe
Oui, et je vais t'expliquer pourquoi; un éléphant, si gros soit-il a peur que la souris n'entre dans sa trompe! Tu vois, même les petits sont très forts!"
Je ne sais pas si l'explication est vraie, mais les enfants écoutent, amusés. Fabrisse enchaine sur une histoire de crocodile et d'enfants qui n'obéissent pas à leurs parents, une histoire de règles et de dangers, une histoire de limites qu'il faut connaitre pour grandir. Ecouter Fabrisse, c'est partir en voyage, les R roulent et les mots se colorent de soleil. Sans qu'il n'y paraisse, les messages passent, les corps se reposent et les esprits s'ouvrent. Brigitte souligne le travail et la persévérance de Kerline, de Nolwen et de Maélys. Les autres entendent, reprennent courage. Il est temps de remonter sur le rolla bolla, de trouver à nouveau l'équilibre, de louvoyer entre les dangers, d'oser y aller... en toute sécurité.
Isabelle


vendredi 23 janvier 2015

Pyramides

Ceux
qui sont
en bas assumez
votre rôle si vous assumez 
votre rôle ceux qui se trouvent en 
haut assumeront le leur si tu tournes la tête ton 
corps vrille et tu vas faire tomber les autres

Khalid
Directeur de La Carrière

A vous maintenant! Exprimez votre admiration pour les artistes de cirque, faites un calligramme en forme de trapèze, boule, mât chinois, pyramide, chapiteau...


jeudi 22 janvier 2015

Les mouches moussent au bain

Voici l'échange savoureux que j'ai eu mardi matin avec deux très jeunes élèves de la classe de Christine (Petites Sections) à la lecture du merveilleux petit livre de Jacques Duquennay, Petit Clown, L'arbre (Albin Michel Jeunesse, 2013). Je les interroge :
- Et que fait Petit Clown?
- Il atterrit sur le tapis de mouches!
- De mouches?! De mouSSe... c'est doux la mousse
- oui! Il y en a dans le bain!

A la fin de l'histoire, les mouches sur le bout de la langue s'étaient envolées et nous étions prêts à planter une nouvelle graine pour faire pousser un deuxième arbre à jeu! 
Isabelle 

vendredi 16 janvier 2015

Avancer pas à pas

Les boules ont été disposées de la plus petite à la plus grande, une impressionnante boule rouge de deux fois leur hauteur. Plus ou moins lentement, avec plus ou moins d'aisance, un à un les enfants s'avancent. Sur cette grosse chenille de plastique, finalement ce qui compte, ce n'est pas d'escalader la dernière boule, mais plutôt de tenir debout et, pas à pas, de remonter jusqu'à sa tête. Alors dans une glissade sur son visage rebondi, il sera temps d'apprécier le chemin parcouru.

Les enfants en milieu de semaine avançaient à califourchon. Samedi, lors de la restitution de leur travail à La Carrière, ils se tenaient debout. En écriture aussi, il faut se lancer, prendre des risques (de la faute, de la rature, du mot pris pour un autre...) mais quel plaisir ensuite de lire tout haut ce qui nait tout bas et de faire grandir étape par étape l'expression de chacun.

Isabelle 

Planche : Petit Poilu. En piste les andouilles! Pierre Bailly, Céline Fraipont, Dupuis, 2013

jeudi 15 janvier 2015

Les jolies surprises de la langue

Ce matin, dans la classe de CE1 de Christine, nous construisons un chapiteau de mots, faisant fonctionner les associations d'idées et de mots, quand tout à coup les couleurs du cirque font leur apparition : le rouge, le jaune, le bleu, le blanc. Je demande alors au groupe :
- Savez-vous comment s'appellent ces couleurs? Une petite fille lève la main, 
- Les couleurs maternelles?!! Et elle ajoute précipitamment, non primaires!


L'autre bon mot de la matinée, le voici...

Toujours occupés à constituer leur chapiteau de mots, les enfants en viennent à évoquer les spectateurs, les gradins, les friandises... Un petit garçon tend la main bien haut... "et les peaux de corne!!" Drôle de pop-corn en effet, à ne pas mettre sous toutes les dents!!
Isabelle


mardi 13 janvier 2015

Quand le mot devient son et couleur


"La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots." 
Vendredi dernier, j'en ai été témoin! La classe de moyenne section et de grande section de Valérie répète le spectacle. Les enfants, fatigués par leur intense semaine d'apprentissage à La Carrière, courent dans tous les sens au risque de se percuter. Edouard, spécialisé en acrobatie, tente de les calmer. Les mots restent sans effet. Qu'à cela ne tienne, il fait parler son djembé :
TAP A TAP A TAP c'est vert, vous pouvez bouger 
BAM c'est rouge vous vous arrêtez! 
Instantanément les petits comprennent, ils guettent le rythme, soudain présents, et la circulation sur le tapis devient fluide. Petit miracle du mot devenu son, puis couleur. Et tant pis si Monsieur Wagner ne l'entendait pas ainsi, mais oui parfois la musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots!
Isabelle

Une restitution de textes sensible et enlevée

Le 22 novembre dernier, un groupe de résidents de la séniorie "Villa 34" de Braine L'Alleud (Belgique), se déplaçait avec leur famille pour assister, à la bibliothèque communale, au spectacle-lecture d'une partie de leurs textes écrits en atelier d'écriture depuis plus de deux ans.
Silence attentif, émotions, sourires, étonnement... que du bonheur! Oui, nos aînés nous écrivent de belles choses et nous leur avons fait un vrai cadeau en leur lisant, en leur interprétant leurs textes.
Quatre lecteurs, sous la direction d'un metteur en scène, pour offrir un rythme, un jeu, un spectacle digne de leurs textes!
Nicole Dedonder

lundi 12 janvier 2015

Ginette a donné naissance à La M.àM

En ce temps bousculés, voici un ouvrage qui met du baume au coeur :

Ginette - Des tendresses comme un moulin est le premier recueil de poésie de Mathilde Descré publié par la toute nouvelle maison d'édition La Mare à Mites. Belle aventure que j'encourage de ces quelques lignes... Allez visiter le site de La M.àM, lisez Mathilde, faites connaissance avec Ginette. La langue est belle, simple et sensible, comme on aime.
I.M.

samedi 10 janvier 2015

Nous sommes Charlie

Lever l'encre sera demain à 15h place Leclerc à Angers 
pour manifester contrer toute forme d'obscurantisme. 
Ensemble, levons nos crayons!

mercredi 7 janvier 2015

Quittez vos rectangles, vos fenêtres géométriques


Fernand Léger La parade du cirque (1952)

"Allez au cirque. Vous quittez vos rectangles, vos fenêtres géométriques et vous allez au pays des cercles en action. (...) Le rond est libre, il n'a ni commencement ni fin." 
Fernand Léger


Khalid mène l'atelier des boules. Rouge, blanche, bleue, petite, moyenne ou grande, chacun trouve la sienne. Pour la plupart très à l'aise, les élèves trouvent rapidement leur équilibre sur la surface rebondie et instable. Tour à tour, ils choisissent un geste que les autres doivent imiter sans descendre de leur boule. Puis Khalid annonce 

"Vous n'avez plus de pieds, vous avez une boule pour marcher."

Je note! Quelle belle consigne d'écriture pour un prochain atelier... Et vous, si vous n'aviez plus de pieds, mais une boule à la place, où vous mènerait-elle?...
Isabelle

Les figures de l'air appellent les images de l'eau

Quand j’entends parler Anouck, me vient l’envie d’écrire une histoire avec le nom des figures qu’elle égrène au fil de ses démonstrations. Saurez-vous les retrouver?...

Ilhan dans la position de la chauve-souris

Toutes les nuits, la chauve-souris et la sirène se rencontrent pour échanger les nouvelles du jour. Avant de retrouver son amie, la chauve-souris décrit dans le ciel de larges arabesques, que le porteur de panier ne se lasse pas de regarder. Ce soir le porteur est fatigué, il ne remarque pas la croix qui indique le chemin du phare. Fasciné par la rapidité et l’agilité de la chauve-souris, il continue sa marche et s'enfonce dans la lande. Soudain il ressent une douleur dans le jarret droit, il réalise alors qu’il a marché plus que de coutume  Il fait nuit noire maintenant, pas une étoile, pas un croisant de lune. Le porteur est perdu. Il s’arrête et s’assoit dans les ajoncs. Aïe, ça pique ! Qu’à cela ne tienne se dit-il, et il retourne le panier pour s’en faire un siège. Ainsi renversé et malmené, le panier fait entendre sa plainte qui finit par alerter la chauve-souris.

-     "Chauve-souris, je t’en prie, trouve un moyen pour faire se relever le porteur, il m’a renversé et je ne peux presque plus respirer, coincé que je suis entre les épines et ses fessiers. Fais vite, bientôt je ne pourrai plus résister !"

A ces mots, la chauve-souris s’élance vers le large.
-      "Sirène, sirène, le panier est en danger ! Le porteur l’a renversé, dessus il s’est installé. Entre les épines et les fessiers, c’est sûr le panier va craquer !"

Immédiatement la sémillante sirène se met à battre de la queue et appelle ses amies les crevettes.
-        "Allez réveiller le marin, qu’il ravive le feu de son phare et que le porteur retrouve son chemin, vite, allez !"

Crevettes roses, grises, petites et grosses, jeunes et vieilles, toutes s’élancent à l’assaut des vagues. En deux temps, trois mouvements elles sont au pied du phare. Toute la troupe accompagnée d'un banc de plancton se pare alors de mille couleurs phosphorescentes. Quel extraordinaire feu d’artifice aquatique ! Attiré par la lumière dorée de l’eau dans la nuit noire, le marin quitte son phare non sans avoir pris soin de raviver son feu. Guidé par la vive lumière, le porteur retrouve facilement son chemin. 
Le marin dépité lui explique qu’ils ne mangeront pas de crevettes ce soir. A peine avait-il descendu les 350 marches du phare que le magnifique ballet nocturne avait cessé! 
Au moins le panier est-il sauf et les animaux heureux. 
De cette mésaventure, ne restent qu’un petit trou dans la culotte du porteur et un petit bout de tissu errant sur la lande.
Isabelle Moran

Réponse : Voici le noms des figures aériennes enseignées par Anouck qu’il fallait retrouver dans le texte : la chauve-souris, la sirène, le porteur, l’arabesque, le panier, la crevette, le renversé, la culotte, le marin, le jarret, la croix.

Et toi, sauras-tu inventer une toute autre histoire avec les mêmes mots ? Si oui, n’oublie pas de me l’envoyer pour que je la publie!

L'humour, un antidote contre la peur

Lors de ma deuxième visite à La Carrière, je découvre le rolla-bolla. Quelle drôle d'idée de vouloir tenir debout sur un instrument rond aussi instable! Je ne m'y risquerais pas... et pourtant cela me fait envie. 
Je ne suis pas la seule, les enfants des classes de Brigitte et Marie, la mine concentrée et les bras écartés essaient de trouver leur équilibre.
Devant Fabrisse, un petit cercle est assis en tailleur. Un a un il les appelle, leur enjoint d'agripper ses poignets et de sauter haut et droit. Dans un mouvement vif et sûr, il hisse l'élève sur ses épaules, avant de lui demander de se mettre debout.
Charles et Fabrisse
- ça ne te fait pas mal, lance une petite fille?
Pour tout réponse, Fabrisse encourage celui qui est encore à califourchon sur ses épaules
- Allez Alexandre, mets-toi debout!
- J'ai peur!!
- Tu as peur, tu as raison il faut le dire, ne pas paniquer.
Je vois les mains d'Alexandre crispées sur celles de Fabrisse et ses jambes tremblantes pousser sur les épaules de celui qui le porte. Voilà Alexandre est debout.
- Maintenant regarde devant!
- Il est 11h10 devant!
Nous éclatons tous de rire. Alexandre perché sur les épaules de Fabrisse se retrouve en effet à la hauteur de l'horloge fixée au-dessus de la porte d'entrée. Sur son visage un sourire a remplacé la grimace. Je me dis que pour vaincre la peur, on n'a encore rien trouvé de mieux que l'humour!
Isabelle

jeudi 1 janvier 2015

Bonne année 2015!

Plus on lit, plus on vit
En 2015, je vous souhaite des montagnes de livres pour y creuser tour à tour des tunnels de joie, des grottes de fou rire, des lacs de larmes souterraines et des torrents de vie jaillissante.

En 2015, que les mots circulent et se donnent, se partagent et s'échangent pour faire de chacun de nous des êtres debout.

Bonne année à tous!
Isabelle

Photo : Création d'Alex Alexandrou