lundi 1 juin 2015

"Nous n'avons que des instants à vivre"

Cette citation de John Kabat-Zinn* incite à vivre chaque moment comme un trésor. Quoi de plus précieux en effet, que le présent. Etre présent à soi-même, aux autres, au monde, dans les petites comme dans les grandes choses. Une flaque de soleil, une poule d'eau, des grenouilles qui crient et s'arrêtent soudain, une troupe d'enfants qui passe, des chameaux sur la place du Hardas, un brun d'herbe frémissant dans le vent, les grands arbres que l'on n'avait jamais remarqués...
Cet après-midi, nous avons pris le temps. De marcher, d'ouvrir l'oeil, de regarder vraiment. Peut-être avons-nous parcouru 400 mètres, 500 mètres tout au plus? Certes aucun exploit sportif, que de voyage parcouru cependant.
Le haïku est un poème japonais en 3 vers
5/7/5

Voici quelques haïku écrits à partir de la même photo 
prise cet après-midi par Monique
Rayures de couleurs
Dessus l'arbre indicateur -
Pourtant j'aime me perdre
Michèle

Les peintures de guerre
Les plumes des oiseaux moqueurs
Le tipi résiste
Sabine

Couleurs des chemins
Sur le parchemin de l'arbre
- Ah! tous les possibles
Isabelle

Un arbre à chemins
Mon cher St Jacques m'appelle-t-il?
Hasard pourquoi pas
Monique

Cinq traits de couleur
allongés contre l'arbre
Le chemin commence
Bénédicte

Les haïku peuvent être combinés avec "des haïbun, c'est à dire des textes en prose ou en prose poétique qui les annoncent et les mettent en valeur."** En voici trois, écrits cet après-midi :


Les premières odeurs de l’humidité, de l’herbe, de la rivière elle-même. Les premiers sons des canards criards, le plouf des oiseaux sur la surface de l’eau. Je touche les écorces dures et sèches en sentant le vent, le soleil. Où aller? Voici un arbre en couleur pour me guider.
Orange, rouge, bleu, jaune?
Je prends le vert - mon désir
Fort pour le sauvage
Anne

Dans l'ombre du chemin, je regarde les flaques de soleil. Il fait beau ce matin. Ouf! je n'en pouvais plus du gris des derniers jours. La lumière est là et avec elle la chaleur. Sur ma main, sur mon visage. Tout à coup je me souviens, j'ai oublié mon livre à la maison
Eclair jaune et vert
Sur le chemin, vite lézard!
Vite, je cours aussi
Isabelle

Bonheur sur le chemin du Petit Louet, découvrir des troncs d'arbres majestueux qui nous dominent d'un jardin privé, des troncs d'arbres morts qui invitent à se coucher ou à s'asseoir, c'est selon.
Arbres vivants, morts
Vous êtes de ma famille
Loin, loin dans le ciel
Monique

Alors si vous aussi passez par là, n'oubliez pas,
"Nous n'avons que des instants à vivre"
***

*John KABAT-ZINN est professeur émérite à la Faculté de Médecine de l'Université de Massachusetts. Il est à l'origine des études qui ont formalisé et fait connaître la pleine conscience dans le monde médical et scientifique.
**Philippe COSTA, Petit manuel pour écrire des haïku, Picquier poche, 2010
***Planche tirée de L'homme qui marche, de Jirô TANIGUCHI, Casterman, 2015