jeudi 26 février 2015

Et si on construisait un poème?

En classe de CE1 avec les élèves de Christine R., nous avons démonté la langue, trituré les phrases, découpé les strophes, remis les vers en place. 
Au passage, nous avons inventé quelques rimes et dessiné plusieurs rébus 
dix tigres 
nous ont donnés quelques 
Le poème en entier, 
nous vous le dévoilerons
quand il sera toiletté 
et près pour de bon!
Entre-temps, 
si vous voulez savoir 
comment construire une histoire
de cirque, d'ogres ou de tabourets frissonnés
lisez Histoires à Jouer!

Isabelle

(Histoires à jouer, Bernard Friot, Milan, 2014)

mardi 24 février 2015

Que celui qui n'a jamais eu peur lève la main!

Si j'avais posé la question ce matin dans la classe de Brigitte G., je suis sûre qu'aucune main ne se serait levée, car même les grands ont peur, même les forts, même les vaillants, même les rusés, même les clowns, qui à grand coups de rire tiennent les ombres éloignées, ont peur. 
Mais la peur va bien avec le courage et les élèves de Brigitte le sont, courageux. 
D'ailleurs, ce matin, c'était 
Personne n'a eu peur d'affronter ses peurs! 
Chacun a nommé ses peurs, puis tout le monde a lu sa liste. 
Nous avons ensuite donné des bons points à nos peurs et nous les avons classées.
Nous avons ainsi découvert que nous étions nombreux à avoir peur du noir et des araignées, que Nicolas n'était pas le seul à avoir peur d'aller seul dans la rue et que beaucoup avaient peur de tomber. Quand j'ai demandé : 
"De quelle couleur est votre peur?"
les réponses ont fusé, différentes selon chacun. Pour Kerline et Nolwenn, la peur est noire et marron, pour Dimitri elle est rouge, pour Maeylis jaune, pour Nicolas bleue, d'ailleurs ne dit-on pas 
avoir une peur bleue?
Alors pour tordre le cou à cette vilaine peur, nous avons imaginé un poème bleu. Bernard Friot nous a aidés en nous donnant une recette :
 Et voilà quelques mots de notre poème bleu
mais il n'est pas question de tout vous dévoiler! 
Le livre qui va bientôt paraître doit garder ses surprises...
En attendant, moi je suis ressortie de cet atelier d'écriture des couleurs plein le coeur et des paillettes plein les yeux. Comme celles de la merveilleuse carte que les enfants m'ont offerte pour ma fête!
Merci à vous tous
Isabelle

samedi 21 février 2015

Il est temps de se remettre en route!

Les vacances touchent à leur fin, il est temps de retrouver les élèves et l'univers du cirque...
Albertine, dans son très beau leporello (livre accordéon) nous y invite, tout en délicatesse.
Dès mardi, je serai dans la classe de Brigitte.
Nous regarderons les dessins d'Albertine et lirons l'histoire de Tito le clown. 
A sa suite, nous écrirons sur nos forces et nos faiblesses, sur nos limites et sur ce qui nous permet de les dépasser!
Isabelle
Albertine, Circus, A pas de loups, 2014

A la racine des mots

On ne saurait écrire sans s'interroger sur le rapport que l'on entretient au langage. Françoise Héritier l'a très bien montré dans un petit essai, Le goût des mots, paru en 2013 chez Odile Jacob où elle dresse des listes de mots auxquels elle attribue des définitions parfois saugrenues. Car Françoise Héritier s'amuse et nous invite à en faire autant.
Les 10 adultes consentants (!) qui se retrouvent tous les 1ers lundis de chaque mois ont eux aussi dressé leur liste de mots fétiches comme autant de formules magiques permettant d'accéder à des "zones sensibles personnelles" au coeur du langage commun.

Reprenons la métaphore bien connue de l'arbre du langage (même si je lui préfère celle des cercles concentriques qui se mélangent comme les ronds dans l'eau), et continuons l'exploration de notre rapport à la langue par la lecture du très bel album de Martine Perrin et Olivier Ka, Mon arbre à secrets (Editions des Grandes Personnes, 2013).


Appliquons à cette lecture une consigne oulipienne:
- dessinez votre arbre du langage
- au pied de cet arbre, écrivez un mot racine que vous cachez
- écrivez un texte "buisson" qui se développe à partir de la racine cachée sans jamais la dévoiler

Ecrire sur la terre d'un mot enfoui, sentir les mots germer sous la plume, les entendre bruire, les voir s'envoler et pousser au loin, n'est-ce pas ce que nous tentons tous de faire?...
Isabelle

Texte buisson et autres définitions

Mon arbre à secrets clignote de mille mots, il nourrit mes pensées. C'est un ange, un guide, un bruissement de voix, des branches qui s'entrecroisent dans la tempête, un murmure pour apaiser les âmes déboussolées. Ses feuilles se multiplient page après page, elles transmettent un message de partage. Les brindilles de la passion ont porté des fruits gorgés d'une sève universelle. Cette énergie puissante et authentique est logée au fond nos coeurs et ne demande qu'à se déployer.
                                                                                                           

souris : petit rongeur toujours de bonne humeur
ouvrage : tiroir débordant de colère
bidouiller : rendre 2 fois plus douillet
subterfuge : refuge subjectif
flamboyant comme un pâtisserie flasque trouvée dans les bois...

Bénédicte M.

mardi 17 février 2015

Dis, comment ça s'écrit une histoire?

Si la question est simple, on pressent immédiatement que la réponse l'est moins... Heureusement, Stephen King, Gianni Rodari et, plus près de nous, Bernard Friot et Flay Stachak ont dans leurs écrits partagé un peu de leurs techniques. Pour King, les histoires sont comme des fossiles affleurant le sol. Il suffirait donc de se baisser pour les ramasser? Rodari, ce célèbre écrivain et pédagogue italien, voit-il les choses de la même manière? Point de fossiles chez lui, mais un binôme imaginatif!
Très bien, donc si je récapitule, pour écrire une histoire (une bonne tant qu'à faire), je dois aller le nez au vent (ou au sol!), pister ce qui affleure et y associer deux mots sans aucun lien logique! Etrange recette me direz-vous!... Bernard Friot nous rappelle qu'il faut aussi s'amuser en écrivant, quant à Faly Stachak, besogneuse et généreuse, elle nous transmet toute une série de fiches comme autant d'étapes à gravir pas à pas jusqu'au mot FIN.
Sans complexe, je fais mon marché chez chacun d'eux et propose l'écriture d'une histoire à la classe d'Emilie (CM2) de l'école St Augustin à Angers. Et c'est parti!!

Etape 1 - Lecture à voix haute de Jésus Betz

Etape 2 - Débat et échange sur ce qu'est une histoire. Repérage de la structure : situation initiale, personnage principal, personnages secondaires, quête, obstacles, résolution, situation finale
Etape 3 - Création d'un personnage 
L'écriture est individuelle ici, chacun goûtant au plaisir de coucher sur le papier tout ce qui lui passe par la tête. A la mise en commun, deux grands genres dominent les imaginaires : les histoires de science-fiction et les histoires d'amour!
Etape 4 - Création d'un personnage 
Même technique ici (fiche n°5 de Faly Stachak), mais cette fois-ci j'y adjoint deux règles : le chrono - car on écrit bien plus facilement sous la contrainte rigolote d'une trotteuse -
 et la parole et l'écriture  démocratiques. Chaque élève est libre de proposer une hypothèse (le personnage est un garçon, une fille? a-t-il une particularité physique? ses qualités, ses défauts? un tic de langage? ses goûts?, etc.), pour chaque point nous retenons 2 ou 3 propositions et nous votons à main levée.


Les choix doivent être cohérents et avoir du sens. Notre histoire doit pouvoir se déployer. Petit à petit, l'héroïne (car le choix d'une fille l'a emporté) se couvre de chair et se forge un caractère. Elle s'appelle Océane, est l'assistante d'un lanceur de couteaux et vit à Sydney. Elle n'a plus de famille et désire à tout prix savoir d'où elle vient, peut-être aussi trouver l'amour. Mais pour cela il lui faudra quitter son univers pour entrer dans un monde parallèle gardé par Cerbère... Voilà la trame de l'histoire.


Quand la sonnerie retentit, il faut s'arrêter à regret. Les enfants quittent la classe en imaginant ce qui pourrait bien arriver à Océane. Dans l'escalier qui les mène à la cantine, je les entends formuler, échanger et débattre. Avec leur enseignante, Emilie, ils devront par petits groupes rédiger des paragraphes d'une 10aine de lignes, puis tous ensemble à la lecture à voix haute, travailler les 'sutures' des textes. 
Quand je reviendrai les voir - et ce sera notre dernier atelier d'écriture - nous écrirons la fin de l'histoire. Puis, nous enverrons le début et le milieu de cette histoire à l'autre classe de CM2. A eux d'inventer un second épilogue sans prendre connaissance du premier. Les fins se ressembleront-elles?
Enfin, à la manière de Gianni Rodari dans ses Histoires à la courte paille, les histoires seront envoyées aux élèves de CE2 qui éliront leur épilogue préféré. Dans une courte note, ils nous diront les raisons de leur choix. Vraiment les histoires servent à tout : écouter, partager, débattre, inventer, écrire, choisir, s'affirmer... et j'en oublie sûrement!
Isabelle Moran
Petite bibliographie utile :
S. King, Ecriture, mémoires d'un métier, Albin Michel, 2001
G. Rodari, Grammaire de l'imagination, Rue du monde, 2010
G. Rodari, Histoires à la courte paille, livre de poche, 2014
B. Friot, Histoires à jouer, Milan, 2013
F. Stachak, Faire écrire les enfants, Eyrolles, 2013

mercredi 11 février 2015

Traces de vie

Depuis novembre de l'année passée, les enfants de l'école St Augustin, embarqués par l'enthousiasme  communicatif de leurs directrice et enseignantes ont vécu une expérience hors du commun à l'école du cirque La Carrière. Tour à tour, les 13 classes de l'école ont chacune passé une semaine avec les artistes circassiens. 

Les sensations, les émotions, les chutes, les hésitations, mais aussi les petites et grandes victoires furent nombreuses. Comment en témoigner, comment garder une trace de ces éclats de vie, que chacun a vécu pour soi, mais aussi collectivement? L'écriture arrive ici à point nommé. Ligne noire sur la page blanche, elle témoigne et revisite l'expérience avec du recul.

La vie ce n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient. 
Grabiel Garcia Marquez

En collaboration avec chaque enseignante, j'ai proposé des ateliers d'écriture autour de trois axes : 
- devenir des acrobates de mots avec des jeux de langages (abécédaires, livres à compter, acrostiches, mésostiches, tautogrammes, mots valises, motissés...);
- développer son imaginaire en inventant des histoires, des personnages de cirque... Ecrire plusieurs fins à chaque histoire, exercer son esprit critique en choisissant son épilogue préféré et en le justifiant;
- rendre compte d'une expérience sensible en écrivant sur l'école La Carrière (portraits d'artistes, témoignages, journal de bord...).

Les enfants ont déjà beaucoup écrit, commence maintenant le temps de la collecte et du choix des textes. Chaque texte, au-delà du jeu d'écriture, est l'occasion pour les enseignantes de revoir les points de grammaire et d'orthographe au programme. Les productions sont donc patiemment toilettées en classe, puis passées au crible du traitement de texte avant d'être imprimées par leurs auteurs. Si la syntaxe peut être hésitante - n'oublions pas que la parole enfantine est celle de jeunes êtres en formation - l'orthographe en revanche doit être irréprochable. Et figurez-vous que les enfants s'y prêtent avec application! 

Un livre rassemblant leurs textes et dessins est en cours de création. Il sera disponible en juin. 
Isabelle



jeudi 5 février 2015

"J'ouvre les yeux, la mer et la lumière me brûlent jusqu'au fond de mon corps, mais j'aime cela. Je respire, je suis libre. Déjà je suis portée par le vent, par les vagues. Le voyage a commencé."
Jean-Marie Le Clézio, Etoile errante


La mer se prépare... chacun pose une main sur la tête de l'autre et entrecroise une jambe. La musique emplit la pièce. Le silence se fait.
Puis Khalid pose un tapis de mousse bleue, la vague se met en branle, les enfants de dos roulent sur le ventre et Inès commence son voyage. Jeudi, Khalid l'a promis, tous pourront essayer, tous seront la vague sur une mer de copains!

mardi 3 février 2015

Vous avez dit Tautogramme?

Non ce n'est pas un gros mot... Un mot gros peut-être, long et compliqué, sans conteste... Tauto signifie en grec "même" et gramme "lettre", le tautogramme est donc un texte dont tous les mots commencent par la même lettre. 
Ce matin, dans la classe de Muriel et Marie (CE1/CE2), l'exercice aurait vite pu se montrer fastidieux, mais c'était sans compter sur le Bidouille Circus!! Après avoir lu cette histoire de cirque non traditionnel, j'ai proposé aux élèves un jeu de l'oie inspiré de l'univers de cette sympathique famille de saltimbanques.
Robert et Roberta Bidouille, les géants Myrmidon danseurs de tango sur échasses, Barbarina l'extralucide, Gustavo l'homme orchestre, Nino le dresseur d'oiseaux de papier, Marinette le clown, les soeurs Crumble, jongleuses siamoises, Lili Vertige, acrobate somnambule et Marcel Biscotto, l'homme à tout faire n'ont eu qu'à bien se tenir, les élèves ont tout réussi : dessins, devinettes, comptines rimées et... tautogrammes. Y'a pas à dire, ils sont aussi forts que Marcel!
Isabelle
Caroline Barber et Marianne Pasquet, Bidouille Circus, Les Petits Bérets, 2015
Le livre contient un jeu de l'oie dont je me suis inspirée et que j'ai modifié pour faire écrire les enfants.

Comme dans le ventre de maman

Aux petites et moyennes sections de la classe d'Odile, Khalid montre les figures, l'étoile et le cocon, que chacun va ensuite réaliser dans le tissu. Il lance à une petite fille qui fait la démonstration avec lui:
- Tu peux te balancer, tu vois c'est comme dans le ventre de ta maman! Tu t'en souviens?
- Oui je m'en souviens, répond la petite fille, mais dans le ventre de maman, il n'y avait pas de trou!

Apprendre à voler... en tapis volant!

C'est bien connu, l'école du Cirque forme aux arts du cirque : aériens, acrobatie au sol, fil, boule, jonglerie... mais sait-on que l'école du cirque La Carrière forme aussi à la glisse, au plongeon et à l'art du tapis volant? C'est pourtant ce que les enfants (et les adultes!) ont expérimenté cet après-midi. Entre détente, rires et chutes, nous nous sommes essayés à l'art du mouvement. Appréhender la vitesse, lancer son corps, plonger, atterrir sur le ventre, se laisser glisser, autant de sensations qui, l'espace d'une heure, ont transformé les simples bipèdes que nous sommes en êtres glissants ou volants (selon le poids évidemment!)
Isabelle