mercredi 23 janvier 2013

Pierre Legrand


Pierre Legrand est en nage. Il court depuis une demi-heure. Se perd dans les ruelles toutes identiques de Millau. Peu à peu la colère le gagne comme la sueur sur son dos musclé. Qu’est-il donc venu faire dans cette galère ?
Il s’était pourtant bien promis que jamais, plus jamais on ne l’y reprendrait ; accepter un dîner en ville qui plus est ! avec cette Justine, citadine jusqu’au bout des ongles qu’elle porte rouge vif.

Pierre tente de se ressaisir, il ralentit, la nuit tombe avec douceur, l’air reste léger et il commence même à apprécier sa déambulation loin de sa campagne familière.
Même si le lieu de rendez-vous reste difficile à trouver, que l’agacement le gagne Pierre a l’habitude d’apprécier l’instant présent, quelque soit le contexte. Cet exercice il s’y astreint depuis de nombreux mois maintenant et fait à chaque fois une belle découverte. Mais ce soir tout est plus difficile : les arbres au feuillage rafraîchissant paraissent un peu ternes, les fleurs des parterres si artificielles, même l’eau des fontaines semble faire un effort pour s’écouler clairement.

Une grande fatigue envahit soudain Pierre ; sa vue croise un banc posé là dans un petit square, exprès pour lui semble-t-il.

La nuit a donc été si courte ?
Pierre s’éveille. Allongé sous le chêne familier, au milieu du pré, le corps reposé, une faim de loup l’assaille.
« Ca y’est c’est prêt, le dîner est servi » crie Justine au loin.
La voici la belle découverte du jour ! ! 
Christine
Atelier du 20 janvier
Tableau Henri Rousseau, Le rêve, 1910

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire