jeudi 25 mars 2010

Ben

Le dimanche matin est le repos mérité du père. Lorsqu’il se lève, les enfants doivent d’être en dehors de la cuisine, sur la table du petit déjeuner, aucune miette de pain ou trace de l’on ne sait quoi doit se trouver sur la toile cirée, la mère s’y emploie.
Il faut dire que Marianne est une femme d’ordre et de propreté, elle gère, oui elle gère tant la maison au quotidien que les affaires courantes à l’extérieur. Le mari, lui, ne dit rien ou si peu, il regarde sa femme et elle lit dans ses yeux. C’est une femme intelligente, vive, elle déborde d’énergie. Quant à lui, Benjamin, préfère qu’on l’appelle Ben. Parait-il que ça lui sonne mieux à l’oreille, c’est plus précis, plus clair, ça claque bien en bouche et ça habille bien le propos. Ceci étant, Ben n’a rien d’un Apollon, de taille moyenne, un physique passe partout, vêtu à la tout le monde, en somme dans la rue un homme tout à fait banal. Dès qu’il devient le mari, le père, le copain, l’ami, Ben bascule, un peu comme la benne d’un camion qui décharge dans une déchetterie, chez lui tout fout le camp et là il est puant, chiant, mordant. Et pourtant, rien de tel lorsque Ben redevient le fils, le frère, le cousin, le neveu, les uns et les autres ne comprennent pas les questions, les interrogations, la lassitude de Marianne à propos de son couple. Ben un beauf, un macho, un ringard ? Ce n’est pas possible pour eux. Il travaille régulièrement, il rapporte son salaire à la maison, pas de maîtresse à l’horizon, pas plus qu’il boit, ou fume quoi que ce soit, qu’il passe son temps libre devant la télévision. Seulement tout est là, dans le regard.
Jacky L.

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