vendredi 8 novembre 2013

Maison de feuille

Sentir le sol s'adoucir, devenir tendre, élastique, sentir le poids du corps rebondir, devenir léger sur l'humus noir, s'enfoncer dans le sous-bois, se laisser embrasser par les lauriers, bifurquer soudain sur la gauche, entrer dans la maison de feuilles, y trouver des jouets de fortune, trois pneus, deux au sol un troisième accroché à la plus grosse branche, écouter la pluie qui ne m'atteint plus, se réjouir de cet abris qui m'est donné, se souvenir de toutes les cabanes de mon enfance, habiter le sentiment de sécurité, soudain, pleinement, devant un pneu, le temps d'une averse sous un toit de feuille. Repartir parce qu'il faut continuer, s'extraire du cocon vert, retrouver le chemin, sentir une odeur de persil, chercher d'où elle vient, fouiller l'herbe, trouver le tendre, le sauvage poussé au pied du pin, en cueillir quelques brins, les froisser dans la main, se dire que l'on a faim, repartir parce qu'il faut continuer. Se heurter à une pancarte, y lire qu'au-delà de cette limite on avance à ses risques et périls, décider de continuer malgré tout, parce qu'on a pas d'autre choix quand on veut repousser ses limites, sortir du chemin, descendre la pente sans glisser, trouver les ruines, commencer à explorer.


IM

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