Il en avait assez de leurs
longues tirades à eux seuls destinés. Le repas s’éternisait dans un flux
ininterrompu de mots, pas même un petit silence pour y glisser sa respiration.
Sans bruit l’enfant s’éclipsa, laissant ses parents et leurs amis à la morgue
des uns, la suffisance des autres.
Pas un seul adulte ne s’aperçut
pas de son départ. Il courut longtemps sur le chemin qui longeait le fleuve
puis s’arrêta à côté des grands arbres, tout prêt de la clairière. L’endroit
lui plut et il s’y installa ôtant quelques pierres, rajoutant quelques feuilles
mortes. De hautes herbes l’entouraient, l’abritaient, lui faisant une superbe
cachette. A écouter le fleuve et les rouges-gorges, il s’endormit. Longtemps.
C’est un son inattendu qui le réveilla. Il lui fallut plusieurs minutes pour
reconnaître un bruit de voix. Attentif il perçut un murmure, un chuchotement,
des chuintements, des écarts avec des plongées en abîme ou des envolées vers
les cimes. Aucun mot ne lui était perceptible mais il fut certain de reconnaître
la voix de ses parents. Ils s’étaient arrêtés à quelques pas de lui, ignorant
qu’il était là si proche, l’ignorant une nouvelle fois. Lui, il ne voulait
surtout pas qu’ils le découvrissent ; il voulait continuer à écouter cette
symphonie qui se jouait là tandis que les hautes herbes lui caressaient
délicatement les joues et qu’un trouble l’envahissait.
Marie-Françoise
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