dimanche 9 décembre 2012

Dans les hautes herbes

Il en avait assez de leurs longues tirades à eux seuls destinés. Le repas s’éternisait dans un flux ininterrompu de mots, pas même un petit silence pour y glisser sa respiration. Sans bruit l’enfant s’éclipsa, laissant ses parents et leurs amis à la morgue des uns, la  suffisance des autres. Pas un seul  adulte ne s’aperçut pas de son départ. Il courut longtemps sur le chemin qui longeait le fleuve puis s’arrêta à côté des grands arbres, tout prêt de la clairière. L’endroit lui plut et il s’y installa ôtant quelques pierres, rajoutant quelques feuilles mortes. De hautes herbes l’entouraient, l’abritaient, lui faisant une superbe cachette. A écouter le fleuve et les rouges-gorges, il s’endormit. Longtemps. C’est un son inattendu qui le réveilla. Il lui fallut plusieurs minutes pour reconnaître un bruit de voix. Attentif il perçut un murmure, un chuchotement, des chuintements, des écarts avec des plongées en abîme ou des envolées vers les cimes. Aucun mot ne lui était perceptible mais il fut certain de reconnaître la voix de ses parents. Ils s’étaient arrêtés à quelques pas de lui, ignorant qu’il était là si proche, l’ignorant une nouvelle fois. Lui, il ne voulait surtout pas qu’ils le découvrissent ; il voulait continuer à écouter cette symphonie qui se jouait là tandis que les hautes herbes lui caressaient délicatement les joues et qu’un trouble l’envahissait.
Marie-Françoise

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