dimanche 9 décembre 2012

Tous les matins du monde


Après deux jours passés dans le cagibi sous l'escalier, je me suis endormi sans manger. Sans manger le potage, encore dans l'assiette, posé au sol devant mes genoux repliés. Le potage que ma mère pensait m'obliger à manger, excédée de mes dégoûts à l'égard de ses soupes.
Je me suis endormi de fatigue et d'attente... d'attente que quelqu'un ouvre la petite porte sous l'escalier.
Soudain c'est le son de ma mère qui me réveille. La mélodie de sa voix que j'aime tant quand elle me traverse et me caresse pour m'endormir. Sa voix inquiète, sa musique vibre, sursaute, sanglote de la glotte.
Elle parle à des hommes, j'écoute leurs voix lourdes, graves qui semblent tenter de la rassurer.
Je me penche, m'intéresse et colle mon oreille contre la petite porte. Ce sont les gendarmes.
Alors, je décrypte ce dialogue, j'assemble les notes, les vibrations et les émotions de ma mère et je comprends.
Je comprends, ce que j'aimerais tant ne pas comprendre.
Ma mère me cherche désespérément, elle a oublié qu'elle m'avait puni dans le cagibi.

Patricia C.

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